lundi 1 juin 2015

la guerre, Otto Dix

INTRODUCTION

INTRODUCTION
L'expressionnisme
C'est
un
mouvement
artistique
de
la
fin
du
XIXème
siècle
à
1925,principalement européen. Il touche plusieurs domaines artistiques.
Caractéristiques :
– déformation de la réalité pour lui donner plus d’intensité et susciter de
vives réactions émotionnelles.
– visions souvent pessimistes mettant en avant les souffrances de l’être
humain.
couleurs vives et contrastées.
Apparu en Allemagne dans les années 1920, le mouvement de la Nouvelle
Objectivité a succédé à l'Expressionnisme et se caractérise par une volonté de
représenter le réel tel qu'il est, sans l'enjoliver.
« J’ai bien étudié la guerre. Il faut la représenter d’une manière réaliste pour
qu’elle soit comprise. L’artiste travaillera pour que les autres voient comment
une chose pareille a existé. J’ai avant tout représenté les suites terrifiantes
de la guerre. Je crois que personne d’autre n’a vu comme moi la réalité de
cette guerre, les déchirements, les blessures, la douleur."
Otto Dix, Comment je peins un tableau, 1958, réédition Ophrys 2011
La Guerre est une oeuvre d'Otto DIX, peintre allemand, engagé volontaire au
début du conflit de la première guerre mondiale et qui en revient révolté et
pacifiste. Cette oeuvre est donc celle d'un homme qui a vécu l'horreur et
l'inhumanité de la "Grande Guerre" et qui témoigne de son expérience de
soldat en représentant un champ de bataille où la mort et la cruauté règnent
en maîtres. Otto DIX réalise La Guerre entre 1929 et 1932 c'est à dire plus de
dix ans après l'armistice, à une période où les idées nationalistes trouvent de
nouveau une place en Allemagne et où les gens commencent à oublier les
terribles souffrances apportées par la guerre. C'est dans ce contexte particulier
que le peintre réalise cette oeuvre afin de rappeler l'extrême brutalité et la
sauvagerie vécues pendant le conflit.
Cette oeuvre composée de trois panneaux principaux est appelée triptyque*, elle rappelle
la forme des retables** de la Renaissance que le peintre n'a pas choisie par hasard
puisqu'il évoque avec son triptyque une oeuvre majeure de la Renaissance : Le retable
Dans le retable d'Issenheim (détails reproduits ci-contre) il est aussi question de mort
et de souffrance puisque le panneau central de celui-ci est la représentation d'une
crucifixion (c'est à dire du Christ sur la croix) que GRÜNEWALD choisit de peindre sans
rien voiler de la déchéance du corps crucifié : corps amaigri, déformé, creusé par la
douleur, chairs grises et meurtries par les clous, sang, pustules. (ergot, maladie du
seigle). La prédelle représente la mise au tombeau et sous entend la
résurrection à venir.
Otto DIX cite très directement le retable d'Issenheim :
- Organisation (triptyque, prédelle, absence de profondeur, personnage
empalé qui fait référence au Christ)
- réalisme des blessures, caractère expressif
- format gigantesque pour susciter l’émotion
- référence religieuse car la fonction du triptyque est, entres autres, de
protéger la ville (des maladies par exemple)
Ainsi, en utilisant la forme du triptyque Otto DIX cite très directement le retable
d'Issenheim et par cette évocation ajoute une strate d'horreur à l'horreur déjà représentée
dans son oeuvre.
*Triptyque : oeuvre en trois parties
**Retable : Dans une église, tableau placé sur un autel et sur lequel sont représentés les
épisodes de la vie du Christ et des saints. C'est à la Renaissance que le retable peint fait
son apparition (il peut également être sculpté).
***Prédelle : C'est la partie inférieure du retable
DESCRIPTION
I. Les éléments iconiques (ce qui est représenté)
Panneau de gauche : des soldats en armes portant sac au dos (il est possible d'identifier
là les armes et l'uniforme portés par les poilus) tournent le dos au spectateur et marchent
dans la brume, ainsi ils forment une armée humaine sans visage et sans identité, masse
aveugle avançant d'un même pas vers le front et ses atrocités.
Panneau central : Alors qu'aucun décor n'est représenté dans le panneau de gauche,
l'arrière plan du panneau central est occupé par la représentation de ruines : restes de
maisons écroulées ou calcinées, paysage désertique au sein duquel aucune trace de
présence humaine ne subsiste, évocation des ravages causés par les bombardements
(Cf. Verdun). Au premier plan c'est la tranchée dans toute son horreur et son inhumanité
qui est évoquée : (en bas à droite) amoncellement de corps déchiquetés et éviscérés
(bombardements) surplombé par un cadavre aux yeux vides, à la bouche ouverte d'où
jaillit un vers et à la peau parsemée de pustules qui évoquent tout à la fois le Christ de
Mathias GRÜNEWALD mais aussi les conditions d'hygiène abominables dans lesquelles
ont vécu les poilus dans les tranchées (maladies, épidémies). Ce cadavre tend une main,
tentative désespérée d'obtenir de l'aide dans un univers d'où l'humanité a disparu, son
appel à l'aide reste suspendu dans le vide. Au dessus de cet amas de viscères et de corps
flotte un squelette embroché sur un résidu d'architecture (citation indirecte du christ
crucifié) et qui désigne de son doigt la mort et la barbarie qui s'entassent plus bas.
Quasiment invisible, à gauche de l'image un unique survivant assiste à la scène, statufié
par sa cape qui le prive de ses bras (et donc de toute action), visage et regard dissimulés
sous son masque c'est un personnage passif et sans identité, pétrifié par l'inhumanité dont
il est le spectateur, il est à son tour comme privé de son humanité.
Panneau de droite : Ce panneau contient un autoportrait, Otto DIX se représente en
sauveur transportant dans ses bras un soldat blessé. Ce personnage de sauveur se
distingue de tous les soldats représentés dans le triptyque : c'est le seul qui fait face au
spectateur et qui avance (avec une grande détermination) vers le premier plan, le seul
aussi qui possède la capacité de voir (et quelle intensité dans ce regard !) enfin il est
également l'unique personnage de cette scène qui ne porte pas l'uniforme complet du
soldat : ni casque, ni masque, ni arme, ce "sauveur" avance à découvert ne craignant pas
l'attaque ennemie et n'étant pas soucieux non plus de se défendre.
Prédelle : Panneau inférieur au format rectangle allongé : le peintre inscrit dans ce format
la représentation de ce qui semble être un caveau ou un cercueil collectif : des soldats
allongés évoquent le corps du Christ mort représenté dans la prédelle du retable
d'Issenheim
II Les éléments plastiques (les moyens utilisés pour réaliser une œuvre)
La Guerre est une peinture à l’huile réalisée sur des panneaux de bois (qui sont donc les
SUPPORTS) de l’œuvre.
La couleur : dans cette œuvre Otto DIX utilise principalement des nuances de rouge et de
brun. La couleur dominante est le brun, brun de la terre des tranchées, environnement
quotidien et unique horizon des poilus. Le rouge est utilisé pour représenter tour à tour le
ciel tourmenté sous lequel les soldats partent au front (panneau de gauche), l’amas de
viscères ensanglanté (panneau central) et le feu du champ de bataille (panneau de droite).
L’artiste choisit le rouge parce que c’est une couleur organique (celle du sang) mais aussi
pour sa valeur symbolique ; dans notre culture le rouge symbolise en effet le violence et
parfois la mort.
Les couleurs sont sombres, ternes et sales comme l’est l’univers guerrier que dépeint Otto
DIX : une guerre qui se déploie dans la boue et la crasse et qui répand la violence et la
mort.
La lumière : la principale touche de lumière se trouve dans le panneau de droite dans
lequel le peintre éclaire grâce à l’emploi de couleurs claires le personnage du sauveur. Cet
éclairage puissant guide notre regard de spectateur vers cette partie importante de
l’image, peut-être la plus importante pour l’artiste car elle est la seule à présenter une part
d’espérance et de vie.
Le premier plan du panneau central est beaucoup plus sombre que l’arrièreplan, qui
semble seul recevoir, à l’extrême-gauche, une lumière blafarde.
La composition et la perspective :
La succession d’images fonctionne comme un cercle ; la guerre comme moment ou
histoire qui se répète à l’infini.
Quelques lignes horizontales, des obliques jouent un rôle prédominant rythmant la
composition. Les deux poutres qui retiennent le cadavre suspendu possèdent une
direction montante mais elles sont pliées, courbées. Sur le panneau de droite, le tronc
d’arbre calciné penché vers la gauche renforce l’inclinaison des épaules du personnage
pliant sous le poids du blessé qu'il soutient.
Le format gigantesque suscite l’émotion, l'ensemble est confus et chaotique, ne
permettant pas au spectateur de poser son regard, de s’offrir un moment de repos,
l’horreur est partout.
L’absence de perspective (atmosphérique pour les 3 panneaux et linéaire pour la prédelle)
ne permet pas au spectateur de poser son regard, de s’offrir un moment de repos,
l’horreur est partout.
CONCLUSION
La Guerre d’Otto DIX est une œuvre que l’on peut qualifier d’engagée, c’est en quelque
sorte un acte politique par lequel l’artiste énonce très clairement son dégoût de la guerre
et le pacifisme qui en est la conséquence. Mais son intention ne se limite pas à cette
« déclaration de pacifisme » car il souhaite également nous convaincre, nous spectateurs,
de l’horreur et de la bêtise de la guerre.
C’est certainement pour cela qu’il se représente en sauveur : il est celui qui nous met en
garde contre la guerre et ses atrocités.
INTRODUCTION

L'expressionnisme
C'est
un
mouvement
artistique
de
la
fin
du
XIXème
siècle
à
1925,principalement européen. Il touche plusieurs domaines artistiques.
Caractéristiques :
– déformation de la réalité pour lui donner plus d’intensité et susciter de
vives réactions émotionnelles.
– visions souvent pessimistes mettant en avant les souffrances de l’être
humain.
couleurs vives et contrastées.
Apparu en Allemagne dans les années 1920, le mouvement de la Nouvelle
Objectivité a succédé à l'Expressionnisme et se caractérise par une volonté de
représenter le réel tel qu'il est, sans l'enjoliver.
« J’ai bien étudié la guerre. Il faut la représenter d’une manière réaliste pour
qu’elle soit comprise. L’artiste travaillera pour que les autres voient comment
une chose pareille a existé. J’ai avant tout représenté les suites terrifiantes
de la guerre. Je crois que personne d’autre n’a vu comme moi la réalité de
cette guerre, les déchirements, les blessures, la douleur."
Otto Dix, Comment je peins un tableau, 1958, réédition Ophrys 2011
La Guerre est une oeuvre d'Otto DIX, peintre allemand, engagé volontaire au
début du conflit de la première guerre mondiale et qui en revient révolté et
pacifiste. Cette oeuvre est donc celle d'un homme qui a vécu l'horreur et


l'inhumanité de la "Grande Guerre" et qui témoigne de son expérience de
soldat en représentant un champ de bataille où la mort et la cruauté règnent
en maîtres. Otto DIX réalise La Guerre entre 1929 et 1932 c'est à dire plus de
dix ans après l'armistice, à une période où les idées nationalistes trouvent de
nouveau une place en Allemagne et où les gens commencent à oublier les
terribles souffrances apportées par la guerre. C'est dans ce contexte particulier
que le peintre réalise cette oeuvre afin de rappeler l'extrême brutalité et la
sauvagerie vécues pendant le conflit.
Cette oeuvre composée de trois panneaux principaux est appelée triptyque*, elle rappelle
la forme des retables** de la Renaissance que le peintre n'a pas choisie par hasard
puisqu'il évoque avec son triptyque une oeuvre majeure de la Renaissance : Le retable
Dans le retable d'Issenheim (détails reproduits ci-contre) il est aussi question de mort
et de souffrance puisque le panneau central de celui-ci est la représentation d'une
crucifixion (c'est à dire du Christ sur la croix) que GRÜNEWALD choisit de peindre sans
rien voiler de la déchéance du corps crucifié : corps amaigri, déformé, creusé par la
douleur, chairs grises et meurtries par les clous, sang, pustules. (ergot, maladie du
seigle). La prédelle représente la mise au tombeau et sous entend la
résurrection à venir.
Otto DIX cite très directement le retable d'Issenheim :
- Organisation (triptyque, prédelle, absence de profondeur, personnage
empalé qui fait référence au Christ)
- réalisme des blessures, caractère expressif
- format gigantesque pour susciter l’émotion
- référence religieuse car la fonction du triptyque est, entres autres, de
protéger la ville (des maladies par exemple)
Ainsi, en utilisant la forme du triptyque Otto DIX cite très directement le retable
d'Issenheim et par cette évocation ajoute une strate d'horreur à l'horreur déjà représentée
dans son oeuvre.
*Triptyque : oeuvre en trois parties


**Retable : Dans une église, tableau placé sur un autel et sur lequel sont représentés les
épisodes de la vie du Christ et des saints. C'est à la Renaissance que le retable peint fait
son apparition (il peut également être sculpté).
***Prédelle : C'est la partie inférieure du retable
DESCRIPTION
I. Les éléments iconiques (ce qui est représenté)
Panneau de gauche : des soldats en armes portant sac au dos (il est possible d'identifier
là les armes et l'uniforme portés par les poilus) tournent le dos au spectateur et marchent
dans la brume, ainsi ils forment une armée humaine sans visage et sans identité, masse
aveugle avançant d'un même pas vers le front et ses atrocités.
Panneau central : Alors qu'aucun décor n'est représenté dans le panneau de gauche,
l'arrière plan du panneau central est occupé par la représentation de ruines : restes de
maisons écroulées ou calcinées, paysage désertique au sein duquel aucune trace de
présence humaine ne subsiste, évocation des ravages causés par les bombardements
(Cf. Verdun). Au premier plan c'est la tranchée dans toute son horreur et son inhumanité
qui est évoquée : (en bas à droite) amoncellement de corps déchiquetés et éviscérés
(bombardements) surplombé par un cadavre aux yeux vides, à la bouche ouverte d'où
jaillit un vers et à la peau parsemée de pustules qui évoquent tout à la fois le Christ de
Mathias GRÜNEWALD mais aussi les conditions d'hygiène abominables dans lesquelles
ont vécu les poilus dans les tranchées (maladies, épidémies). Ce cadavre tend une main,
tentative désespérée d'obtenir de l'aide dans un univers d'où l'humanité a disparu, son
appel à l'aide reste suspendu dans le vide. Au dessus de cet amas de viscères et de corps
flotte un squelette embroché sur un résidu d'architecture (citation indirecte du christ
crucifié) et qui désigne de son doigt la mort et la barbarie qui s'entassent plus bas.
Quasiment invisible, à gauche de l'image un unique survivant assiste à la scène, statufié
par sa cape qui le prive de ses bras (et donc de toute action), visage et regard dissimulés
sous son masque c'est un personnage passif et sans identité, pétrifié par l'inhumanité dont
il est le spectateur, il est à son tour comme privé de son humanité.
Panneau de droite : Ce panneau contient un autoportrait, Otto DIX se représente en
sauveur transportant dans ses bras un soldat blessé. Ce personnage de sauveur se
distingue de tous les soldats représentés dans le triptyque : c'est le seul qui fait face au
spectateur et qui avance (avec une grande détermination) vers le premier plan, le seul
aussi qui possède la capacité de voir (et quelle intensité dans ce regard !) enfin il est
également l'unique personnage de cette scène qui ne porte pas l'uniforme complet du
soldat : ni casque, ni masque, ni arme, ce "sauveur" avance à découvert ne craignant pas
l'attaque ennemie et n'étant pas soucieux non plus de se défendre.
Prédelle : Panneau inférieur au format rectangle allongé : le peintre inscrit dans ce format
la représentation de ce qui semble être un caveau ou un cercueil collectif : des soldats
allongés évoquent le corps du Christ mort représenté dans la prédelle du retable
d'Issenheim


II Les éléments plastiques (les moyens utilisés pour réaliser une œuvre)
La Guerre est une peinture à l’huile réalisée sur des panneaux de bois (qui sont donc les
SUPPORTS) de l’œuvre.
La couleur : dans cette œuvre Otto DIX utilise principalement des nuances de rouge et de
brun. La couleur dominante est le brun, brun de la terre des tranchées, environnement
quotidien et unique horizon des poilus. Le rouge est utilisé pour représenter tour à tour le
ciel tourmenté sous lequel les soldats partent au front (panneau de gauche), l’amas de
viscères ensanglanté (panneau central) et le feu du champ de bataille (panneau de droite).
L’artiste choisit le rouge parce que c’est une couleur organique (celle du sang) mais aussi
pour sa valeur symbolique ; dans notre culture le rouge symbolise en effet le violence et
parfois la mort.
Les couleurs sont sombres, ternes et sales comme l’est l’univers guerrier que dépeint Otto
DIX : une guerre qui se déploie dans la boue et la crasse et qui répand la violence et la
mort.
La lumière : la principale touche de lumière se trouve dans le panneau de droite dans
lequel le peintre éclaire grâce à l’emploi de couleurs claires le personnage du sauveur. Cet
éclairage puissant guide notre regard de spectateur vers cette partie importante de
l’image, peut-être la plus importante pour l’artiste car elle est la seule à présenter une part
d’espérance et de vie.
Le premier plan du panneau central est beaucoup plus sombre que l’arrièreplan, qui
semble seul recevoir, à l’extrême-gauche, une lumière blafarde.
La composition et la perspective :
La succession d’images fonctionne comme un cercle ; la guerre comme moment ou
histoire qui se répète à l’infini.
Quelques lignes horizontales, des obliques jouent un rôle prédominant rythmant la
composition. Les deux poutres qui retiennent le cadavre suspendu possèdent une
direction montante mais elles sont pliées, courbées. Sur le panneau de droite, le tronc
d’arbre calciné penché vers la gauche renforce l’inclinaison des épaules du personnage
pliant sous le poids du blessé qu'il soutient.
Le format gigantesque suscite l’émotion, l'ensemble est confus et chaotique, ne
permettant pas au spectateur de poser son regard, de s’offrir un moment de repos,


l’horreur est partout.
L’absence de perspective (atmosphérique pour les 3 panneaux et linéaire pour la prédelle)
ne permet pas au spectateur de poser son regard, de s’offrir un moment de repos,
l’horreur est partout.
CONCLUSION
La Guerre d’Otto DIX est une œuvre que l’on peut qualifier d’engagée, c’est en quelque
sorte un acte politique par lequel l’artiste énonce très clairement son dégoût de la guerre
et le pacifisme qui en est la conséquence. Mais son intention ne se limite pas à cette
« déclaration de pacifisme » car il souhaite également nous convaincre, nous spectateurs,
de l’horreur et de la bêtise de la guerre.
C’est certainement pour cela qu’il se représente en sauveur : il est celui qui nous met en
garde contre la guerre et ses atrocités.
L'expressionnisme
C'est
un
mouvement
artistique
de
la
fin
du
XIXème
siècle
à
1925,principalement européen. Il touche plusieurs domaines artistiques.
Caractéristiques :
– déformation de la réalité pour lui donner plus d’intensité et susciter de
vives réactions émotionnelles.
– visions souvent pessimistes mettant en avant les souffrances de l’être
humain.
couleurs vives et contrastées.
Apparu en Allemagne dans les années 1920, le mouvement de la Nouvelle
Objectivité a succédé à l'Expressionnisme et se caractérise par une volonté de
représenter le réel tel qu'il est, sans l'enjoliver.
« J’ai bien étudié la guerre. Il faut la représenter d’une manière réaliste pour
qu’elle soit comprise. L’artiste travaillera pour que les autres voient comment
une chose pareille a existé. J’ai avant tout représenté les suites terrifiantes
de la guerre. Je crois que personne d’autre n’a vu comme moi la réalité de
cette guerre, les déchirements, les blessures, la douleur."
Otto Dix, Comment je peins un tableau, 1958, réédition Ophrys 2011
La Guerre est une oeuvre d'Otto DIX, peintre allemand, engagé volontaire au
début du conflit de la première guerre mondiale et qui en revient révolté et
pacifiste. Cette oeuvre est donc celle d'un homme qui a vécu l'horreur et


l'inhumanité de la "Grande Guerre" et qui témoigne de son expérience de
soldat en représentant un champ de bataille où la mort et la cruauté règnent
en maîtres. Otto DIX réalise La Guerre entre 1929 et 1932 c'est à dire plus de
dix ans après l'armistice, à une période où les idées nationalistes trouvent de
nouveau une place en Allemagne et où les gens commencent à oublier les
terribles souffrances apportées par la guerre. C'est dans ce contexte particulier
que le peintre réalise cette oeuvre afin de rappeler l'extrême brutalité et la
sauvagerie vécues pendant le conflit.
Cette oeuvre composée de trois panneaux principaux est appelée triptyque*, elle rappelle
la forme des retables** de la Renaissance que le peintre n'a pas choisie par hasard
puisqu'il évoque avec son triptyque une oeuvre majeure de la Renaissance : Le retable
Dans le retable d'Issenheim (détails reproduits ci-contre) il est aussi question de mort
et de souffrance puisque le panneau central de celui-ci est la représentation d'une
crucifixion (c'est à dire du Christ sur la croix) que GRÜNEWALD choisit de peindre sans
rien voiler de la déchéance du corps crucifié : corps amaigri, déformé, creusé par la
douleur, chairs grises et meurtries par les clous, sang, pustules. (ergot, maladie du
seigle). La prédelle représente la mise au tombeau et sous entend la
résurrection à venir.
Otto DIX cite très directement le retable d'Issenheim :
- Organisation (triptyque, prédelle, absence de profondeur, personnage
empalé qui fait référence au Christ)
- réalisme des blessures, caractère expressif
- format gigantesque pour susciter l’émotion
- référence religieuse car la fonction du triptyque est, entres autres, de
protéger la ville (des maladies par exemple)
Ainsi, en utilisant la forme du triptyque Otto DIX cite très directement le retable
d'Issenheim et par cette évocation ajoute une strate d'horreur à l'horreur déjà représentée
dans son oeuvre.
*Triptyque : oeuvre en trois parties


**Retable : Dans une église, tableau placé sur un autel et sur lequel sont représentés les
épisodes de la vie du Christ et des saints. C'est à la Renaissance que le retable peint fait
son apparition (il peut également être sculpté).
***Prédelle : C'est la partie inférieure du retable
DESCRIPTION
I. Les éléments iconiques (ce qui est représenté)
Panneau de gauche : des soldats en armes portant sac au dos (il est possible d'identifier
là les armes et l'uniforme portés par les poilus) tournent le dos au spectateur et marchent
dans la brume, ainsi ils forment une armée humaine sans visage et sans identité, masse
aveugle avançant d'un même pas vers le front et ses atrocités.
Panneau central : Alors qu'aucun décor n'est représenté dans le panneau de gauche,
l'arrière plan du panneau central est occupé par la représentation de ruines : restes de
maisons écroulées ou calcinées, paysage désertique au sein duquel aucune trace de
présence humaine ne subsiste, évocation des ravages causés par les bombardements
(Cf. Verdun). Au premier plan c'est la tranchée dans toute son horreur et son inhumanité
qui est évoquée : (en bas à droite) amoncellement de corps déchiquetés et éviscérés
(bombardements) surplombé par un cadavre aux yeux vides, à la bouche ouverte d'où
jaillit un vers et à la peau parsemée de pustules qui évoquent tout à la fois le Christ de
Mathias GRÜNEWALD mais aussi les conditions d'hygiène abominables dans lesquelles
ont vécu les poilus dans les tranchées (maladies, épidémies). Ce cadavre tend une main,
tentative désespérée d'obtenir de l'aide dans un univers d'où l'humanité a disparu, son
appel à l'aide reste suspendu dans le vide. Au dessus de cet amas de viscères et de corps
flotte un squelette embroché sur un résidu d'architecture (citation indirecte du christ
crucifié) et qui désigne de son doigt la mort et la barbarie qui s'entassent plus bas.
Quasiment invisible, à gauche de l'image un unique survivant assiste à la scène, statufié
par sa cape qui le prive de ses bras (et donc de toute action), visage et regard dissimulés
sous son masque c'est un personnage passif et sans identité, pétrifié par l'inhumanité dont
il est le spectateur, il est à son tour comme privé de son humanité.
Panneau de droite : Ce panneau contient un autoportrait, Otto DIX se représente en
sauveur transportant dans ses bras un soldat blessé. Ce personnage de sauveur se
distingue de tous les soldats représentés dans le triptyque : c'est le seul qui fait face au
spectateur et qui avance (avec une grande détermination) vers le premier plan, le seul
aussi qui possède la capacité de voir (et quelle intensité dans ce regard !) enfin il est
également l'unique personnage de cette scène qui ne porte pas l'uniforme complet du
soldat : ni casque, ni masque, ni arme, ce "sauveur" avance à découvert ne craignant pas
l'attaque ennemie et n'étant pas soucieux non plus de se défendre.
Prédelle : Panneau inférieur au format rectangle allongé : le peintre inscrit dans ce format
la représentation de ce qui semble être un caveau ou un cercueil collectif : des soldats
allongés évoquent le corps du Christ mort représenté dans la prédelle du retable
d'Issenheim


II Les éléments plastiques (les moyens utilisés pour réaliser une œuvre)
La Guerre est une peinture à l’huile réalisée sur des panneaux de bois (qui sont donc les
SUPPORTS) de l’œuvre.
La couleur : dans cette œuvre Otto DIX utilise principalement des nuances de rouge et de
brun. La couleur dominante est le brun, brun de la terre des tranchées, environnement
quotidien et unique horizon des poilus. Le rouge est utilisé pour représenter tour à tour le
ciel tourmenté sous lequel les soldats partent au front (panneau de gauche), l’amas de
viscères ensanglanté (panneau central) et le feu du champ de bataille (panneau de droite).
L’artiste choisit le rouge parce que c’est une couleur organique (celle du sang) mais aussi
pour sa valeur symbolique ; dans notre culture le rouge symbolise en effet le violence et
parfois la mort.
Les couleurs sont sombres, ternes et sales comme l’est l’univers guerrier que dépeint Otto
DIX : une guerre qui se déploie dans la boue et la crasse et qui répand la violence et la
mort.
La lumière : la principale touche de lumière se trouve dans le panneau de droite dans
lequel le peintre éclaire grâce à l’emploi de couleurs claires le personnage du sauveur. Cet
éclairage puissant guide notre regard de spectateur vers cette partie importante de
l’image, peut-être la plus importante pour l’artiste car elle est la seule à présenter une part
d’espérance et de vie.
Le premier plan du panneau central est beaucoup plus sombre que l’arrièreplan, qui
semble seul recevoir, à l’extrême-gauche, une lumière blafarde.
La composition et la perspective :
La succession d’images fonctionne comme un cercle ; la guerre comme moment ou
histoire qui se répète à l’infini.
Quelques lignes horizontales, des obliques jouent un rôle prédominant rythmant la
composition. Les deux poutres qui retiennent le cadavre suspendu possèdent une
direction montante mais elles sont pliées, courbées. Sur le panneau de droite, le tronc
d’arbre calciné penché vers la gauche renforce l’inclinaison des épaules du personnage
pliant sous le poids du blessé qu'il soutient.
Le format gigantesque suscite l’émotion, l'ensemble est confus et chaotique, ne
permettant pas au spectateur de poser son regard, de s’offrir un moment de repos,


l’horreur est partout.
L’absence de perspective (atmosphérique pour les 3 panneaux et linéaire pour la prédelle)
ne permet pas au spectateur de poser son regard, de s’offrir un moment de repos,
l’horreur est partout.
CONCLUSION
La Guerre d’Otto DIX est une œuvre que l’on peut qualifier d’engagée, c’est en quelque
sorte un acte politique par lequel l’artiste énonce très clairement son dégoût de la guerre
et le pacifisme qui en est la conséquence. Mais son intention ne se limite pas à cette
« déclaration de pacifisme » car il souhaite également nous convaincre, nous spectateurs,
de l’horreur et de la bêtise de la guerre.
C’est certainement pour cela qu’il se représente en sauveur : il est celui qui nous met en
garde contre la guerre et ses atrocités.

INTRODUCTION

L'expressionnisme
C'est
un
mouvement
artistique
de
la
fin
du
XIXème
siècle
à
1925,principalement européen. Il touche plusieurs domaines artistiques.
Caractéristiques :
– déformation de la réalité pour lui donner plus d’intensité et susciter de
vives réactions émotionnelles.
– visions souvent pessimistes mettant en avant les souffrances de l’être
humain.
couleurs vives et contrastées.
Apparu en Allemagne dans les années 1920, le mouvement de la Nouvelle
Objectivité a succédé à l'Expressionnisme et se caractérise par une volonté de
représenter le réel tel qu'il est, sans l'enjoliver.
« J’ai bien étudié la guerre. Il faut la représenter d’une manière réaliste pour
qu’elle soit comprise. L’artiste travaillera pour que les autres voient comment
une chose pareille a existé. J’ai avant tout représenté les suites terrifiantes
de la guerre. Je crois que personne d’autre n’a vu comme moi la réalité de
cette guerre, les déchirements, les blessures, la douleur."
Otto Dix, Comment je peins un tableau, 1958, réédition Ophrys 2011
La Guerre est une oeuvre d'Otto DIX, peintre allemand, engagé volontaire au
début du conflit de la première guerre mondiale et qui en revient révolté et
pacifiste. Cette oeuvre est donc celle d'un homme qui a vécu l'horreur et


l'inhumanité de la "Grande Guerre" et qui témoigne de son expérience de
soldat en représentant un champ de bataille où la mort et la cruauté règnent
en maîtres. Otto DIX réalise La Guerre entre 1929 et 1932 c'est à dire plus de
dix ans après l'armistice, à une période où les idées nationalistes trouvent de
nouveau une place en Allemagne et où les gens commencent à oublier les
terribles souffrances apportées par la guerre. C'est dans ce contexte particulier
que le peintre réalise cette oeuvre afin de rappeler l'extrême brutalité et la
sauvagerie vécues pendant le conflit.
Cette oeuvre composée de trois panneaux principaux est appelée triptyque*, elle rappelle
la forme des retables** de la Renaissance que le peintre n'a pas choisie par hasard
puisqu'il évoque avec son triptyque une oeuvre majeure de la Renaissance : Le retable
Dans le retable d'Issenheim (détails reproduits ci-contre) il est aussi question de mort
et de souffrance puisque le panneau central de celui-ci est la représentation d'une
crucifixion (c'est à dire du Christ sur la croix) que GRÜNEWALD choisit de peindre sans
rien voiler de la déchéance du corps crucifié : corps amaigri, déformé, creusé par la
douleur, chairs grises et meurtries par les clous, sang, pustules. (ergot, maladie du
seigle). La prédelle représente la mise au tombeau et sous entend la
résurrection à venir.
Otto DIX cite très directement le retable d'Issenheim :
- Organisation (triptyque, prédelle, absence de profondeur, personnage
empalé qui fait référence au Christ)
- réalisme des blessures, caractère expressif
- format gigantesque pour susciter l’émotion
- référence religieuse car la fonction du triptyque est, entres autres, de
protéger la ville (des maladies par exemple)
Ainsi, en utilisant la forme du triptyque Otto DIX cite très directement le retable
d'Issenheim et par cette évocation ajoute une strate d'horreur à l'horreur déjà représentée
dans son oeuvre.
*Triptyque : oeuvre en trois parties


**Retable : Dans une église, tableau placé sur un autel et sur lequel sont représentés les
épisodes de la vie du Christ et des saints. C'est à la Renaissance que le retable peint fait
son apparition (il peut également être sculpté).
***Prédelle : C'est la partie inférieure du retable
DESCRIPTION
I. Les éléments iconiques (ce qui est représenté)
Panneau de gauche : des soldats en armes portant sac au dos (il est possible d'identifier
là les armes et l'uniforme portés par les poilus) tournent le dos au spectateur et marchent
dans la brume, ainsi ils forment une armée humaine sans visage et sans identité, masse
aveugle avançant d'un même pas vers le front et ses atrocités.
Panneau central : Alors qu'aucun décor n'est représenté dans le panneau de gauche,
l'arrière plan du panneau central est occupé par la représentation de ruines : restes de
maisons écroulées ou calcinées, paysage désertique au sein duquel aucune trace de
présence humaine ne subsiste, évocation des ravages causés par les bombardements
(Cf. Verdun). Au premier plan c'est la tranchée dans toute son horreur et son inhumanité
qui est évoquée : (en bas à droite) amoncellement de corps déchiquetés et éviscérés
(bombardements) surplombé par un cadavre aux yeux vides, à la bouche ouverte d'où
jaillit un vers et à la peau parsemée de pustules qui évoquent tout à la fois le Christ de
Mathias GRÜNEWALD mais aussi les conditions d'hygiène abominables dans lesquelles
ont vécu les poilus dans les tranchées (maladies, épidémies). Ce cadavre tend une main,
tentative désespérée d'obtenir de l'aide dans un univers d'où l'humanité a disparu, son
appel à l'aide reste suspendu dans le vide. Au dessus de cet amas de viscères et de corps
flotte un squelette embroché sur un résidu d'architecture (citation indirecte du christ
crucifié) et qui désigne de son doigt la mort et la barbarie qui s'entassent plus bas.
Quasiment invisible, à gauche de l'image un unique survivant assiste à la scène, statufié
par sa cape qui le prive de ses bras (et donc de toute action), visage et regard dissimulés
sous son masque c'est un personnage passif et sans identité, pétrifié par l'inhumanité dont
il est le spectateur, il est à son tour comme privé de son humanité.
Panneau de droite : Ce panneau contient un autoportrait, Otto DIX se représente en
sauveur transportant dans ses bras un soldat blessé. Ce personnage de sauveur se
distingue de tous les soldats représentés dans le triptyque : c'est le seul qui fait face au
spectateur et qui avance (avec une grande détermination) vers le premier plan, le seul
aussi qui possède la capacité de voir (et quelle intensité dans ce regard !) enfin il est
également l'unique personnage de cette scène qui ne porte pas l'uniforme complet du
soldat : ni casque, ni masque, ni arme, ce "sauveur" avance à découvert ne craignant pas
l'attaque ennemie et n'étant pas soucieux non plus de se défendre.
Prédelle : Panneau inférieur au format rectangle allongé : le peintre inscrit dans ce format
la représentation de ce qui semble être un caveau ou un cercueil collectif : des soldats
allongés évoquent le corps du Christ mort représenté dans la prédelle du retable
d'Issenheim


II Les éléments plastiques (les moyens utilisés pour réaliser une œuvre)
La Guerre est une peinture à l’huile réalisée sur des panneaux de bois (qui sont donc les
SUPPORTS) de l’œuvre.
La couleur : dans cette œuvre Otto DIX utilise principalement des nuances de rouge et de
brun. La couleur dominante est le brun, brun de la terre des tranchées, environnement
quotidien et unique horizon des poilus. Le rouge est utilisé pour représenter tour à tour le
ciel tourmenté sous lequel les soldats partent au front (panneau de gauche), l’amas de
viscères ensanglanté (panneau central) et le feu du champ de bataille (panneau de droite).
L’artiste choisit le rouge parce que c’est une couleur organique (celle du sang) mais aussi
pour sa valeur symbolique ; dans notre culture le rouge symbolise en effet le violence et
parfois la mort.
Les couleurs sont sombres, ternes et sales comme l’est l’univers guerrier que dépeint Otto
DIX : une guerre qui se déploie dans la boue et la crasse et qui répand la violence et la
mort.
La lumière : la principale touche de lumière se trouve dans le panneau de droite dans
lequel le peintre éclaire grâce à l’emploi de couleurs claires le personnage du sauveur. Cet
éclairage puissant guide notre regard de spectateur vers cette partie importante de
l’image, peut-être la plus importante pour l’artiste car elle est la seule à présenter une part
d’espérance et de vie.
Le premier plan du panneau central est beaucoup plus sombre que l’arrièreplan, qui
semble seul recevoir, à l’extrême-gauche, une lumière blafarde.
La composition et la perspective :
La succession d’images fonctionne comme un cercle ; la guerre comme moment ou
histoire qui se répète à l’infini.
Quelques lignes horizontales, des obliques jouent un rôle prédominant rythmant la
composition. Les deux poutres qui retiennent le cadavre suspendu possèdent une
direction montante mais elles sont pliées, courbées. Sur le panneau de droite, le tronc
d’arbre calciné penché vers la gauche renforce l’inclinaison des épaules du personnage
pliant sous le poids du blessé qu'il soutient.
Le format gigantesque suscite l’émotion, l'ensemble est confus et chaotique, ne
permettant pas au spectateur de poser son regard, de s’offrir un moment de repos,


l’horreur est partout.
L’absence de perspective (atmosphérique pour les 3 panneaux et linéaire pour la prédelle)
ne permet pas au spectateur de poser son regard, de s’offrir un moment de repos,
l’horreur est partout.
CONCLUSION
La Guerre d’Otto DIX est une œuvre que l’on peut qualifier d’engagée, c’est en quelque
sorte un acte politique par lequel l’artiste énonce très clairement son dégoût de la guerre
et le pacifisme qui en est la conséquence. Mais son intention ne se limite pas à cette
« déclaration de pacifisme » car il souhaite également nous convaincre, nous spectateurs,
de l’horreur et de la bêtise de la guerre.
C’est certainement pour cela qu’il se représente en sauveur : il est celui qui nous met en
garde contre la guerre et ses atrocités.
INTRODUCTION
L'expressionnisme
C'est
un
mouvement
artistique
de
la
fin
du
XIXème
siècle
à
1925,principalement européen. Il touche plusieurs domaines artistiques.
Caractéristiques :
– déformation de la réalité pour lui donner plus d’intensité et susciter de
vives réactions émotionnelles.
– visions souvent pessimistes mettant en avant les souffrances de l’être
humain.
couleurs vives et contrastées.
Apparu en Allemagne dans les années 1920, le mouvement de la Nouvelle
Objectivité a succédé à l'Expressionnisme et se caractérise par une volonté de
représenter le réel tel qu'il est, sans l'enjoliver.
« J’ai bien étudié la guerre. Il faut la représenter d’une manière réaliste pour
qu’elle soit comprise. L’artiste travaillera pour que les autres voient comment
une chose pareille a existé. J’ai avant tout représenté les suites terrifiantes
de la guerre. Je crois que personne d’autre n’a vu comme moi la réalité de
cette guerre, les déchirements, les blessures, la douleur."
Otto Dix, Comment je peins un tableau, 1958, réédition Ophrys 2011
La Guerre est une oeuvre d'Otto DIX, peintre allemand, engagé volontaire au
début du conflit de la première guerre mondiale et qui en revient révolté et
pacifiste. Cette oeuvre est donc celle d'un homme qui a vécu l'horreur et
l'inhumanité de la "Grande Guerre" et qui témoigne de son expérience de
soldat en représentant un champ de bataille où la mort et la cruauté règnent
en maîtres. Otto DIX réalise La Guerre entre 1929 et 1932 c'est à dire plus de
dix ans après l'armistice, à une période où les idées nationalistes trouvent de
nouveau une place en Allemagne et où les gens commencent à oublier les
terribles souffrances apportées par la guerre. C'est dans ce contexte particulier
que le peintre réalise cette oeuvre afin de rappeler l'extrême brutalité et la
sauvagerie vécues pendant le conflit.
Cette oeuvre composée de trois panneaux principaux est appelée triptyque*, elle rappelle
la forme des retables** de la Renaissance que le peintre n'a pas choisie par hasard
puisqu'il évoque avec son triptyque une oeuvre majeure de la Renaissance : Le retable
Dans le retable d'Issenheim (détails reproduits ci-contre) il est aussi question de mort
et de souffrance puisque le panneau central de celui-ci est la représentation d'une
crucifixion (c'est à dire du Christ sur la croix) que GRÜNEWALD choisit de peindre sans
rien voiler de la déchéance du corps crucifié : corps amaigri, déformé, creusé par la
douleur, chairs grises et meurtries par les clous, sang, pustules. (ergot, maladie du
seigle). La prédelle représente la mise au tombeau et sous entend la
résurrection à venir.
Otto DIX cite très directement le retable d'Issenheim :
- Organisation (triptyque, prédelle, absence de profondeur, personnage
empalé qui fait référence au Christ)
- réalisme des blessures, caractère expressif
- format gigantesque pour susciter l’émotion
- référence religieuse car la fonction du triptyque est, entres autres, de
protéger la ville (des maladies par exemple)
Ainsi, en utilisant la forme du triptyque Otto DIX cite très directement le retable
d'Issenheim et par cette évocation ajoute une strate d'horreur à l'horreur déjà représentée
dans son oeuvre.
*Triptyque : oeuvre en trois parties
**Retable : Dans une église, tableau placé sur un autel et sur lequel sont représentés les
épisodes de la vie du Christ et des saints. C'est à la Renaissance que le retable peint fait
son apparition (il peut également être sculpté).
***Prédelle : C'est la partie inférieure du retable
DESCRIPTION
I. Les éléments iconiques (ce qui est représenté)
Panneau de gauche : des soldats en armes portant sac au dos (il est possible d'identifier
là les armes et l'uniforme portés par les poilus) tournent le dos au spectateur et marchent
dans la brume, ainsi ils forment une armée humaine sans visage et sans identité, masse
aveugle avançant d'un même pas vers le front et ses atrocités.
Panneau central : Alors qu'aucun décor n'est représenté dans le panneau de gauche,
l'arrière plan du panneau central est occupé par la représentation de ruines : restes de
maisons écroulées ou calcinées, paysage désertique au sein duquel aucune trace de
présence humaine ne subsiste, évocation des ravages causés par les bombardements
(Cf. Verdun). Au premier plan c'est la tranchée dans toute son horreur et son inhumanité
qui est évoquée : (en bas à droite) amoncellement de corps déchiquetés et éviscérés
(bombardements) surplombé par un cadavre aux yeux vides, à la bouche ouverte d'où
jaillit un vers et à la peau parsemée de pustules qui évoquent tout à la fois le Christ de
Mathias GRÜNEWALD mais aussi les conditions d'hygiène abominables dans lesquelles
ont vécu les poilus dans les tranchées (maladies, épidémies). Ce cadavre tend une main,
tentative désespérée d'obtenir de l'aide dans un univers d'où l'humanité a disparu, son
appel à l'aide reste suspendu dans le vide. Au dessus de cet amas de viscères et de corps
flotte un squelette embroché sur un résidu d'architecture (citation indirecte du christ
crucifié) et qui désigne de son doigt la mort et la barbarie qui s'entassent plus bas.
Quasiment invisible, à gauche de l'image un unique survivant assiste à la scène, statufié
par sa cape qui le prive de ses bras (et donc de toute action), visage et regard dissimulés
sous son masque c'est un personnage passif et sans identité, pétrifié par l'inhumanité dont
il est le spectateur, il est à son tour comme privé de son humanité.
Panneau de droite : Ce panneau contient un autoportrait, Otto DIX se représente en
sauveur transportant dans ses bras un soldat blessé. Ce personnage de sauveur se
distingue de tous les soldats représentés dans le triptyque : c'est le seul qui fait face au
spectateur et qui avance (avec une grande détermination) vers le premier plan, le seul
aussi qui possède la capacité de voir (et quelle intensité dans ce regard !) enfin il est
également l'unique personnage de cette scène qui ne porte pas l'uniforme complet du
soldat : ni casque, ni masque, ni arme, ce "sauveur" avance à découvert ne craignant pas
l'attaque ennemie et n'étant pas soucieux non plus de se défendre.
Prédelle : Panneau inférieur au format rectangle allongé : le peintre inscrit dans ce format
la représentation de ce qui semble être un caveau ou un cercueil collectif : des soldats
allongés évoquent le corps du Christ mort représenté dans la prédelle du retable
d'Issenheim
II Les éléments plastiques (les moyens utilisés pour réaliser une œuvre)
La Guerre est une peinture à l’huile réalisée sur des panneaux de bois (qui sont donc les
SUPPORTS) de l’œuvre.
La couleur : dans cette œuvre Otto DIX utilise principalement des nuances de rouge et de
brun. La couleur dominante est le brun, brun de la terre des tranchées, environnement
quotidien et unique horizon des poilus. Le rouge est utilisé pour représenter tour à tour le
ciel tourmenté sous lequel les soldats partent au front (panneau de gauche), l’amas de
viscères ensanglanté (panneau central) et le feu du champ de bataille (panneau de droite).
L’artiste choisit le rouge parce que c’est une couleur organique (celle du sang) mais aussi
pour sa valeur symbolique ; dans notre culture le rouge symbolise en effet le violence et
parfois la mort.
Les couleurs sont sombres, ternes et sales comme l’est l’univers guerrier que dépeint Otto
DIX : une guerre qui se déploie dans la boue et la crasse et qui répand la violence et la
mort.
La lumière : la principale touche de lumière se trouve dans le panneau de droite dans
lequel le peintre éclaire grâce à l’emploi de couleurs claires le personnage du sauveur. Cet
éclairage puissant guide notre regard de spectateur vers cette partie importante de
l’image, peut-être la plus importante pour l’artiste car elle est la seule à présenter une part
d’espérance et de vie.
Le premier plan du panneau central est beaucoup plus sombre que l’arrièreplan, qui
semble seul recevoir, à l’extrême-gauche, une lumière blafarde.
La composition et la perspective :
La succession d’images fonctionne comme un cercle ; la guerre comme moment ou
histoire qui se répète à l’infini.
Quelques lignes horizontales, des obliques jouent un rôle prédominant rythmant la
composition. Les deux poutres qui retiennent le cadavre suspendu possèdent une
direction montante mais elles sont pliées, courbées. Sur le panneau de droite, le tronc
d’arbre calciné penché vers la gauche renforce l’inclinaison des épaules du personnage
pliant sous le poids du blessé qu'il soutient.
Le format gigantesque suscite l’émotion, l'ensemble est confus et chaotique, ne
permettant pas au spectateur de poser son regard, de s’offrir un moment de repos,
l’horreur est partout.
L’absence de perspective (atmosphérique pour les 3 panneaux et linéaire pour la prédelle)
ne permet pas au spectateur de poser son regard, de s’offrir un moment de repos,
l’horreur est partout.
CONCLUSION
La Guerre d’Otto DIX est une œuvre que l’on peut qualifier d’engagée, c’est en quelque
sorte un acte politique par lequel l’artiste énonce très clairement son dégoût de la guerre
et le pacifisme qui en est la conséquence. Mais son intention ne se limite pas à cette
« déclaration de pacifisme » car il souhaite également nous convaincre, nous spectateurs,
de l’horreur et de la bêtise de la guerre.
C’est certainement pour cela qu’il se représente en sauveur : il est celui qui nous met en
garde contre la guerre et ses atrocités.
INTRODUCTION
L'expressionnisme
C'est
un
mouvement
artistique
de
la
fin
du
XIXème
siècle
à
1925,principalement européen. Il touche plusieurs domaines artistiques.
Caractéristiques :
– déformation de la réalité pour lui donner plus d’intensité et susciter de
vives réactions émotionnelles.
– visions souvent pessimistes mettant en avant les souffrances de l’être
humain.
couleurs vives et contrastées.
Apparu en Allemagne dans les années 1920, le mouvement de la Nouvelle
Objectivité a succédé à l'Expressionnisme et se caractérise par une volonté de
représenter le réel tel qu'il est, sans l'enjoliver.
« J’ai bien étudié la guerre. Il faut la représenter d’une manière réaliste pour
qu’elle soit comprise. L’artiste travaillera pour que les autres voient comment
une chose pareille a existé. J’ai avant tout représenté les suites terrifiantes
de la guerre. Je crois que personne d’autre n’a vu comme moi la réalité de
cette guerre, les déchirements, les blessures, la douleur."
Otto Dix, Comment je peins un tableau, 1958, réédition Ophrys 2011
La Guerre est une oeuvre d'Otto DIX, peintre allemand, engagé volontaire au
début du conflit de la première guerre mondiale et qui en revient révolté et
pacifiste. Cette oeuvre est donc celle d'un homme qui a vécu l'horreur et
l'inhumanité de la "Grande Guerre" et qui témoigne de son expérience de
soldat en représentant un champ de bataille où la mort et la cruauté règnent
en maîtres. Otto DIX réalise La Guerre entre 1929 et 1932 c'est à dire plus de
dix ans après l'armistice, à une période où les idées nationalistes trouvent de
nouveau une place en Allemagne et où les gens commencent à oublier les
terribles souffrances apportées par la guerre. C'est dans ce contexte particulier
que le peintre réalise cette oeuvre afin de rappeler l'extrême brutalité et la
sauvagerie vécues pendant le conflit.
Cette oeuvre composée de trois panneaux principaux est appelée triptyque*, elle rappelle
la forme des retables** de la Renaissance que le peintre n'a pas choisie par hasard
puisqu'il évoque avec son triptyque une oeuvre majeure de la Renaissance : Le retable
Dans le retable d'Issenheim (détails reproduits ci-contre) il est aussi question de mort
et de souffrance puisque le panneau central de celui-ci est la représentation d'une
crucifixion (c'est à dire du Christ sur la croix) que GRÜNEWALD choisit de peindre sans
rien voiler de la déchéance du corps crucifié : corps amaigri, déformé, creusé par la
douleur, chairs grises et meurtries par les clous, sang, pustules. (ergot, maladie du
seigle). La prédelle représente la mise au tombeau et sous entend la
résurrection à venir.
Otto DIX cite très directement le retable d'Issenheim :
- Organisation (triptyque, prédelle, absence de profondeur, personnage
empalé qui fait référence au Christ)
- réalisme des blessures, caractère expressif
- format gigantesque pour susciter l’émotion
- référence religieuse car la fonction du triptyque est, entres autres, de
protéger la ville (des maladies par exemple)
Ainsi, en utilisant la forme du triptyque Otto DIX cite très directement le retable
d'Issenheim et par cette évocation ajoute une strate d'horreur à l'horreur déjà représentée
dans son oeuvre.
*Triptyque : oeuvre en trois parties
**Retable : Dans une église, tableau placé sur un autel et sur lequel sont représentés les
épisodes de la vie du Christ et des saints. C'est à la Renaissance que le retable peint fait
son apparition (il peut également être sculpté).
***Prédelle : C'est la partie inférieure du retable
DESCRIPTION
I. Les éléments iconiques (ce qui est représenté)
Panneau de gauche : des soldats en armes portant sac au dos (il est possible d'identifier
là les armes et l'uniforme portés par les poilus) tournent le dos au spectateur et marchent
dans la brume, ainsi ils forment une armée humaine sans visage et sans identité, masse
aveugle avançant d'un même pas vers le front et ses atrocités.
Panneau central : Alors qu'aucun décor n'est représenté dans le panneau de gauche,
l'arrière plan du panneau central est occupé par la représentation de ruines : restes de
maisons écroulées ou calcinées, paysage désertique au sein duquel aucune trace de
présence humaine ne subsiste, évocation des ravages causés par les bombardements
(Cf. Verdun). Au premier plan c'est la tranchée dans toute son horreur et son inhumanité
qui est évoquée : (en bas à droite) amoncellement de corps déchiquetés et éviscérés
(bombardements) surplombé par un cadavre aux yeux vides, à la bouche ouverte d'où
jaillit un vers et à la peau parsemée de pustules qui évoquent tout à la fois le Christ de
Mathias GRÜNEWALD mais aussi les conditions d'hygiène abominables dans lesquelles
ont vécu les poilus dans les tranchées (maladies, épidémies). Ce cadavre tend une main,
tentative désespérée d'obtenir de l'aide dans un univers d'où l'humanité a disparu, son
appel à l'aide reste suspendu dans le vide. Au dessus de cet amas de viscères et de corps
flotte un squelette embroché sur un résidu d'architecture (citation indirecte du christ
crucifié) et qui désigne de son doigt la mort et la barbarie qui s'entassent plus bas.
Quasiment invisible, à gauche de l'image un unique survivant assiste à la scène, statufié
par sa cape qui le prive de ses bras (et donc de toute action), visage et regard dissimulés
sous son masque c'est un personnage passif et sans identité, pétrifié par l'inhumanité dont
il est le spectateur, il est à son tour comme privé de son humanité.
Panneau de droite : Ce panneau contient un autoportrait, Otto DIX se représente en
sauveur transportant dans ses bras un soldat blessé. Ce personnage de sauveur se
distingue de tous les soldats représentés dans le triptyque : c'est le seul qui fait face au
spectateur et qui avance (avec une grande détermination) vers le premier plan, le seul
aussi qui possède la capacité de voir (et quelle intensité dans ce regard !) enfin il est
également l'unique personnage de cette scène qui ne porte pas l'uniforme complet du
soldat : ni casque, ni masque, ni arme, ce "sauveur" avance à découvert ne craignant pas
l'attaque ennemie et n'étant pas soucieux non plus de se défendre.
Prédelle : Panneau inférieur au format rectangle allongé : le peintre inscrit dans ce format
la représentation de ce qui semble être un caveau ou un cercueil collectif : des soldats
allongés évoquent le corps du Christ mort représenté dans la prédelle du retable
d'Issenheim
II Les éléments plastiques (les moyens utilisés pour réaliser une œuvre)
La Guerre est une peinture à l’huile réalisée sur des panneaux de bois (qui sont donc les
SUPPORTS) de l’œuvre.
La couleur : dans cette œuvre Otto DIX utilise principalement des nuances de rouge et de
brun. La couleur dominante est le brun, brun de la terre des tranchées, environnement
quotidien et unique horizon des poilus. Le rouge est utilisé pour représenter tour à tour le
ciel tourmenté sous lequel les soldats partent au front (panneau de gauche), l’amas de
viscères ensanglanté (panneau central) et le feu du champ de bataille (panneau de droite).
L’artiste choisit le rouge parce que c’est une couleur organique (celle du sang) mais aussi
pour sa valeur symbolique ; dans notre culture le rouge symbolise en effet le violence et
parfois la mort.
Les couleurs sont sombres, ternes et sales comme l’est l’univers guerrier que dépeint Otto
DIX : une guerre qui se déploie dans la boue et la crasse et qui répand la violence et la
mort.
La lumière : la principale touche de lumière se trouve dans le panneau de droite dans
lequel le peintre éclaire grâce à l’emploi de couleurs claires le personnage du sauveur. Cet
éclairage puissant guide notre regard de spectateur vers cette partie importante de
l’image, peut-être la plus importante pour l’artiste car elle est la seule à présenter une part
d’espérance et de vie.
Le premier plan du panneau central est beaucoup plus sombre que l’arrièreplan, qui
semble seul recevoir, à l’extrême-gauche, une lumière blafarde.
La composition et la perspective :
La succession d’images fonctionne comme un cercle ; la guerre comme moment ou
histoire qui se répète à l’infini.
Quelques lignes horizontales, des obliques jouent un rôle prédominant rythmant la
composition. Les deux poutres qui retiennent le cadavre suspendu possèdent une
direction montante mais elles sont pliées, courbées. Sur le panneau de droite, le tronc
d’arbre calciné penché vers la gauche renforce l’inclinaison des épaules du personnage
pliant sous le poids du blessé qu'il soutient.
Le format gigantesque suscite l’émotion, l'ensemble est confus et chaotique, ne
permettant pas au spectateur de poser son regard, de s’offrir un moment de repos,
l’horreur est partout.
L’absence de perspective (atmosphérique pour les 3 panneaux et linéaire pour la prédelle)
ne permet pas au spectateur de poser son regard, de s’offrir un moment de repos,
l’horreur est partout.
CONCLUSION
La Guerre d’Otto DIX est une œuvre que l’on peut qualifier d’engagée, c’est en quelque
sorte un acte politique par lequel l’artiste énonce très clairement son dégoût de la guerre
et le pacifisme qui en est la conséquence. Mais son intention ne se limite pas à cette
« déclaration de pacifisme » car il souhaite également nous convaincre, nous spectateurs,
de l’horreur et de la bêtise de la guerre.
C’est certainement pour cela qu’il se représente en sauveur : il est celui qui nous met en
garde contre la guerre et ses atrocités.
INTRODUCTION
L'expressionnisme
C'est
un
mouvement
artistique
de
la
fin
du
XIXème
siècle
à
1925,principalement européen. Il touche plusieurs domaines artistiques.
Caractéristiques :
– déformation de la réalité pour lui donner plus d’intensité et susciter de
vives réactions émotionnelles.
– visions souvent pessimistes mettant en avant les souffrances de l’être
humain.
couleurs vives et contrastées.
Apparu en Allemagne dans les années 1920, le mouvement de la Nouvelle
Objectivité a succédé à l'Expressionnisme et se caractérise par une volonté de
représenter le réel tel qu'il est, sans l'enjoliver.
« J’ai bien étudié la guerre. Il faut la représenter d’une manière réaliste pour
qu’elle soit comprise. L’artiste travaillera pour que les autres voient comment
une chose pareille a existé. J’ai avant tout représenté les suites terrifiantes
de la guerre. Je crois que personne d’autre n’a vu comme moi la réalité de
cette guerre, les déchirements, les blessures, la douleur."
Otto Dix, Comment je peins un tableau, 1958, réédition Ophrys 2011
La Guerre est une oeuvre d'Otto DIX, peintre allemand, engagé volontaire au
début du conflit de la première guerre mondiale et qui en revient révolté et
pacifiste. Cette oeuvre est donc celle d'un homme qui a vécu l'horreur et
l'inhumanité de la "Grande Guerre" et qui témoigne de son expérience de
soldat en représentant un champ de bataille où la mort et la cruauté règnent
en maîtres. Otto DIX réalise La Guerre entre 1929 et 1932 c'est à dire plus de
dix ans après l'armistice, à une période où les idées nationalistes trouvent de
nouveau une place en Allemagne et où les gens commencent à oublier les
terribles souffrances apportées par la guerre. C'est dans ce contexte particulier
que le peintre réalise cette oeuvre afin de rappeler l'extrême brutalité et la
sauvagerie vécues pendant le conflit.
Cette oeuvre composée de trois panneaux principaux est appelée triptyque*, elle rappelle
la forme des retables** de la Renaissance que le peintre n'a pas choisie par hasard
puisqu'il évoque avec son triptyque une oeuvre majeure de la Renaissance : Le retable
Dans le retable d'Issenheim (détails reproduits ci-contre) il est aussi question de mort
et de souffrance puisque le panneau central de celui-ci est la représentation d'une
crucifixion (c'est à dire du Christ sur la croix) que GRÜNEWALD choisit de peindre sans
rien voiler de la déchéance du corps crucifié : corps amaigri, déformé, creusé par la
douleur, chairs grises et meurtries par les clous, sang, pustules. (ergot, maladie du
seigle). La prédelle représente la mise au tombeau et sous entend la
résurrection à venir.
Otto DIX cite très directement le retable d'Issenheim :
- Organisation (triptyque, prédelle, absence de profondeur, personnage
empalé qui fait référence au Christ)
- réalisme des blessures, caractère expressif
- format gigantesque pour susciter l’émotion
- référence religieuse car la fonction du triptyque est, entres autres, de
protéger la ville (des maladies par exemple)
Ainsi, en utilisant la forme du triptyque Otto DIX cite très directement le retable
d'Issenheim et par cette évocation ajoute une strate d'horreur à l'horreur déjà représentée
dans son oeuvre.
*Triptyque : oeuvre en trois parties
**Retable : Dans une église, tableau placé sur un autel et sur lequel sont représentés les
épisodes de la vie du Christ et des saints. C'est à la Renaissance que le retable peint fait
son apparition (il peut également être sculpté).
***Prédelle : C'est la partie inférieure du retable
DESCRIPTION
I. Les éléments iconiques (ce qui est représenté)
Panneau de gauche : des soldats en armes portant sac au dos (il est possible d'identifier
là les armes et l'uniforme portés par les poilus) tournent le dos au spectateur et marchent
dans la brume, ainsi ils forment une armée humaine sans visage et sans identité, masse
aveugle avançant d'un même pas vers le front et ses atrocités.
Panneau central : Alors qu'aucun décor n'est représenté dans le panneau de gauche,
l'arrière plan du panneau central est occupé par la représentation de ruines : restes de
maisons écroulées ou calcinées, paysage désertique au sein duquel aucune trace de
présence humaine ne subsiste, évocation des ravages causés par les bombardements
(Cf. Verdun). Au premier plan c'est la tranchée dans toute son horreur et son inhumanité
qui est évoquée : (en bas à droite) amoncellement de corps déchiquetés et éviscérés
(bombardements) surplombé par un cadavre aux yeux vides, à la bouche ouverte d'où
jaillit un vers et à la peau parsemée de pustules qui évoquent tout à la fois le Christ de
Mathias GRÜNEWALD mais aussi les conditions d'hygiène abominables dans lesquelles
ont vécu les poilus dans les tranchées (maladies, épidémies). Ce cadavre tend une main,
tentative désespérée d'obtenir de l'aide dans un univers d'où l'humanité a disparu, son
appel à l'aide reste suspendu dans le vide. Au dessus de cet amas de viscères et de corps
flotte un squelette embroché sur un résidu d'architecture (citation indirecte du christ
crucifié) et qui désigne de son doigt la mort et la barbarie qui s'entassent plus bas.
Quasiment invisible, à gauche de l'image un unique survivant assiste à la scène, statufié
par sa cape qui le prive de ses bras (et donc de toute action), visage et regard dissimulés
sous son masque c'est un personnage passif et sans identité, pétrifié par l'inhumanité dont
il est le spectateur, il est à son tour comme privé de son humanité.
Panneau de droite : Ce panneau contient un autoportrait, Otto DIX se représente en
sauveur transportant dans ses bras un soldat blessé. Ce personnage de sauveur se
distingue de tous les soldats représentés dans le triptyque : c'est le seul qui fait face au
spectateur et qui avance (avec une grande détermination) vers le premier plan, le seul
aussi qui possède la capacité de voir (et quelle intensité dans ce regard !) enfin il est
également l'unique personnage de cette scène qui ne porte pas l'uniforme complet du
soldat : ni casque, ni masque, ni arme, ce "sauveur" avance à découvert ne craignant pas
l'attaque ennemie et n'étant pas soucieux non plus de se défendre.
Prédelle : Panneau inférieur au format rectangle allongé : le peintre inscrit dans ce format
la représentation de ce qui semble être un caveau ou un cercueil collectif : des soldats
allongés évoquent le corps du Christ mort représenté dans la prédelle du retable
d'Issenheim
II Les éléments plastiques (les moyens utilisés pour réaliser une œuvre)
La Guerre est une peinture à l’huile réalisée sur des panneaux de bois (qui sont donc les
SUPPORTS) de l’œuvre.
La couleur : dans cette œuvre Otto DIX utilise principalement des nuances de rouge et de
brun. La couleur dominante est le brun, brun de la terre des tranchées, environnement
quotidien et unique horizon des poilus. Le rouge est utilisé pour représenter tour à tour le
ciel tourmenté sous lequel les soldats partent au front (panneau de gauche), l’amas de
viscères ensanglanté (panneau central) et le feu du champ de bataille (panneau de droite).
L’artiste choisit le rouge parce que c’est une couleur organique (celle du sang) mais aussi
pour sa valeur symbolique ; dans notre culture le rouge symbolise en effet le violence et
parfois la mort.
Les couleurs sont sombres, ternes et sales comme l’est l’univers guerrier que dépeint Otto
DIX : une guerre qui se déploie dans la boue et la crasse et qui répand la violence et la
mort.
La lumière : la principale touche de lumière se trouve dans le panneau de droite dans
lequel le peintre éclaire grâce à l’emploi de couleurs claires le personnage du sauveur. Cet
éclairage puissant guide notre regard de spectateur vers cette partie importante de
l’image, peut-être la plus importante pour l’artiste car elle est la seule à présenter une part
d’espérance et de vie.
Le premier plan du panneau central est beaucoup plus sombre que l’arrièreplan, qui
semble seul recevoir, à l’extrême-gauche, une lumière blafarde.
La composition et la perspective :
La succession d’images fonctionne comme un cercle ; la guerre comme moment ou
histoire qui se répète à l’infini.
Quelques lignes horizontales, des obliques jouent un rôle prédominant rythmant la
composition. Les deux poutres qui retiennent le cadavre suspendu possèdent une
direction montante mais elles sont pliées, courbées. Sur le panneau de droite, le tronc
d’arbre calciné penché vers la gauche renforce l’inclinaison des épaules du personnage
pliant sous le poids du blessé qu'il soutient.
Le format gigantesque suscite l’émotion, l'ensemble est confus et chaotique, ne
permettant pas au spectateur de poser son regard, de s’offrir un moment de repos,
l’horreur est partout.
L’absence de perspective (atmosphérique pour les 3 panneaux et linéaire pour la prédelle)
ne permet pas au spectateur de poser son regard, de s’offrir un moment de repos,
l’horreur est partout.
CONCLUSION
La Guerre d’Otto DIX est une œuvre que l’on peut qualifier d’engagée, c’est en quelque
sorte un acte politique par lequel l’artiste énonce très clairement son dégoût de la guerre
et le pacifisme qui en est la conséquence. Mais son intention ne se limite pas à cette
« déclaration de pacifisme » car il souhaite également nous convaincre, nous spectateurs,
de l’horreur et de la bêtise de la guerre.
C’est certainement pour cela qu’il se représente en sauveur : il est celui qui nous met en
garde contre la guerre et ses atrocités.
INTRODUCTION
L'expressionnisme
C'est
un
mouvement
artistique
de
la
fin
du
XIXème
siècle
à
1925,principalement européen. Il touche plusieurs domaines artistiques.
Caractéristiques :
– déformation de la réalité pour lui donner plus d’intensité et susciter de
vives réactions émotionnelles.
– visions souvent pessimistes mettant en avant les souffrances de l’être
humain.
couleurs vives et contrastées.
Apparu en Allemagne dans les années 1920, le mouvement de la Nouvelle
Objectivité a succédé à l'Expressionnisme et se caractérise par une volonté de
représenter le réel tel qu'il est, sans l'enjoliver.
« J’ai bien étudié la guerre. Il faut la représenter d’une manière réaliste pour
qu’elle soit comprise. L’artiste travaillera pour que les autres voient comment
une chose pareille a existé. J’ai avant tout représenté les suites terrifiantes
de la guerre. Je crois que personne d’autre n’a vu comme moi la réalité de
cette guerre, les déchirements, les blessures, la douleur."
Otto Dix, Comment je peins un tableau, 1958, réédition Ophrys 2011
La Guerre est une oeuvre d'Otto DIX, peintre allemand, engagé volontaire au
début du conflit de la première guerre mondiale et qui en revient révolté et
pacifiste. Cette oeuvre est donc celle d'un homme qui a vécu l'horreur et
l'inhumanité de la "Grande Guerre" et qui témoigne de son expérience de
soldat en représentant un champ de bataille où la mort et la cruauté règnent
en maîtres. Otto DIX réalise La Guerre entre 1929 et 1932 c'est à dire plus de
dix ans après l'armistice, à une période où les idées nationalistes trouvent de
nouveau une place en Allemagne et où les gens commencent à oublier les
terribles souffrances apportées par la guerre. C'est dans ce contexte particulier
que le peintre réalise cette oeuvre afin de rappeler l'extrême brutalité et la
sauvagerie vécues pendant le conflit.
Cette oeuvre composée de trois panneaux principaux est appelée triptyque*, elle rappelle
la forme des retables** de la Renaissance que le peintre n'a pas choisie par hasard
puisqu'il évoque avec son triptyque une oeuvre majeure de la Renaissance : Le retable
Dans le retable d'Issenheim (détails reproduits ci-contre) il est aussi question de mort
et de souffrance puisque le panneau central de celui-ci est la représentation d'une
crucifixion (c'est à dire du Christ sur la croix) que GRÜNEWALD choisit de peindre sans
rien voiler de la déchéance du corps crucifié : corps amaigri, déformé, creusé par la
douleur, chairs grises et meurtries par les clous, sang, pustules. (ergot, maladie du
seigle). La prédelle représente la mise au tombeau et sous entend la
résurrection à venir.
Otto DIX cite très directement le retable d'Issenheim :
- Organisation (triptyque, prédelle, absence de profondeur, personnage
empalé qui fait référence au Christ)
- réalisme des blessures, caractère expressif
- format gigantesque pour susciter l’émotion
- référence religieuse car la fonction du triptyque est, entres autres, de
protéger la ville (des maladies par exemple)
Ainsi, en utilisant la forme du triptyque Otto DIX cite très directement le retable
d'Issenheim et par cette évocation ajoute une strate d'horreur à l'horreur déjà représentée
dans son oeuvre.
*Triptyque : oeuvre en trois parties
**Retable : Dans une église, tableau placé sur un autel et sur lequel sont représentés les
épisodes de la vie du Christ et des saints. C'est à la Renaissance que le retable peint fait
son apparition (il peut également être sculpté).
***Prédelle : C'est la partie inférieure du retable
DESCRIPTION
I. Les éléments iconiques (ce qui est représenté)
Panneau de gauche : des soldats en armes portant sac au dos (il est possible d'identifier
là les armes et l'uniforme portés par les poilus) tournent le dos au spectateur et marchent
dans la brume, ainsi ils forment une armée humaine sans visage et sans identité, masse
aveugle avançant d'un même pas vers le front et ses atrocités.
Panneau central : Alors qu'aucun décor n'est représenté dans le panneau de gauche,
l'arrière plan du panneau central est occupé par la représentation de ruines : restes de
maisons écroulées ou calcinées, paysage désertique au sein duquel aucune trace de
présence humaine ne subsiste, évocation des ravages causés par les bombardements
(Cf. Verdun). Au premier plan c'est la tranchée dans toute son horreur et son inhumanité
qui est évoquée : (en bas à droite) amoncellement de corps déchiquetés et éviscérés
(bombardements) surplombé par un cadavre aux yeux vides, à la bouche ouverte d'où
jaillit un vers et à la peau parsemée de pustules qui évoquent tout à la fois le Christ de
Mathias GRÜNEWALD mais aussi les conditions d'hygiène abominables dans lesquelles
ont vécu les poilus dans les tranchées (maladies, épidémies). Ce cadavre tend une main,
tentative désespérée d'obtenir de l'aide dans un univers d'où l'humanité a disparu, son
appel à l'aide reste suspendu dans le vide. Au dessus de cet amas de viscères et de corps
flotte un squelette embroché sur un résidu d'architecture (citation indirecte du christ
crucifié) et qui désigne de son doigt la mort et la barbarie qui s'entassent plus bas.
Quasiment invisible, à gauche de l'image un unique survivant assiste à la scène, statufié
par sa cape qui le prive de ses bras (et donc de toute action), visage et regard dissimulés
sous son masque c'est un personnage passif et sans identité, pétrifié par l'inhumanité dont
il est le spectateur, il est à son tour comme privé de son humanité.
Panneau de droite : Ce panneau contient un autoportrait, Otto DIX se représente en
sauveur transportant dans ses bras un soldat blessé. Ce personnage de sauveur se
distingue de tous les soldats représentés dans le triptyque : c'est le seul qui fait face au
spectateur et qui avance (avec une grande détermination) vers le premier plan, le seul
aussi qui possède la capacité de voir (et quelle intensité dans ce regard !) enfin il est
également l'unique personnage de cette scène qui ne porte pas l'uniforme complet du
soldat : ni casque, ni masque, ni arme, ce "sauveur" avance à découvert ne craignant pas
l'attaque ennemie et n'étant pas soucieux non plus de se défendre.
Prédelle : Panneau inférieur au format rectangle allongé : le peintre inscrit dans ce format
la représentation de ce qui semble être un caveau ou un cercueil collectif : des soldats
allongés évoquent le corps du Christ mort représenté dans la prédelle du retable
d'Issenheim
II Les éléments plastiques (les moyens utilisés pour réaliser une œuvre)
La Guerre est une peinture à l’huile réalisée sur des panneaux de bois (qui sont donc les
SUPPORTS) de l’œuvre.
La couleur : dans cette œuvre Otto DIX utilise principalement des nuances de rouge et de
brun. La couleur dominante est le brun, brun de la terre des tranchées, environnement
quotidien et unique horizon des poilus. Le rouge est utilisé pour représenter tour à tour le
ciel tourmenté sous lequel les soldats partent au front (panneau de gauche), l’amas de
viscères ensanglanté (panneau central) et le feu du champ de bataille (panneau de droite).
L’artiste choisit le rouge parce que c’est une couleur organique (celle du sang) mais aussi
pour sa valeur symbolique ; dans notre culture le rouge symbolise en effet le violence et
parfois la mort.
Les couleurs sont sombres, ternes et sales comme l’est l’univers guerrier que dépeint Otto
DIX : une guerre qui se déploie dans la boue et la crasse et qui répand la violence et la
mort.
La lumière : la principale touche de lumière se trouve dans le panneau de droite dans
lequel le peintre éclaire grâce à l’emploi de couleurs claires le personnage du sauveur. Cet
éclairage puissant guide notre regard de spectateur vers cette partie importante de
l’image, peut-être la plus importante pour l’artiste car elle est la seule à présenter une part
d’espérance et de vie.
Le premier plan du panneau central est beaucoup plus sombre que l’arrièreplan, qui
semble seul recevoir, à l’extrême-gauche, une lumière blafarde.
La composition et la perspective :
La succession d’images fonctionne comme un cercle ; la guerre comme moment ou
histoire qui se répète à l’infini.
Quelques lignes horizontales, des obliques jouent un rôle prédominant rythmant la
composition. Les deux poutres qui retiennent le cadavre suspendu possèdent une
direction montante mais elles sont pliées, courbées. Sur le panneau de droite, le tronc
d’arbre calciné penché vers la gauche renforce l’inclinaison des épaules du personnage
pliant sous le poids du blessé qu'il soutient.
Le format gigantesque suscite l’émotion, l'ensemble est confus et chaotique, ne
permettant pas au spectateur de poser son regard, de s’offrir un moment de repos,
l’horreur est partout.
L’absence de perspective (atmosphérique pour les 3 panneaux et linéaire pour la prédelle)
ne permet pas au spectateur de poser son regard, de s’offrir un moment de repos,
l’horreur est partout.
CONCLUSION
La Guerre d’Otto DIX est une œuvre que l’on peut qualifier d’engagée, c’est en quelque
sorte un acte politique par lequel l’artiste énonce très clairement son dégoût de la guerre
et le pacifisme qui en est la conséquence. Mais son intention ne se limite pas à cette
« déclaration de pacifisme » car il souhaite également nous convaincre, nous spectateurs,
de l’horreur et de la bêtise de la guerre.
C’est certainement pour cela qu’il se représente en sauveur : il est celui qui nous met en
garde contre la guerre et ses atrocités.
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Page 1
La Guerre, Otto Dix
INTRODUCTION
L'expressionnisme
C'est
un
mouvement
artistique
de
la
fin
du
XIXème
siècle
à
1925,principalement européen. Il touche plusieurs domaines artistiques.
Caractéristiques :
– déformation de la réalité pour lui donner plus d’intensité et susciter de
vives réactions émotionnelles.
– visions souvent pessimistes mettant en avant les souffrances de l’être
humain.
couleurs vives et contrastées.
Apparu en Allemagne dans les années 1920, le mouvement de la Nouvelle
Objectivité a succédé à l'Expressionnisme et se caractérise par une volonté de
représenter le réel tel qu'il est, sans l'enjoliver.
« J’ai bien étudié la guerre. Il faut la représenter d’une manière réaliste pour
qu’elle soit comprise. L’artiste travaillera pour que les autres voient comment
une chose pareille a existé. J’ai avant tout représenté les suites terrifiantes
de la guerre. Je crois que personne d’autre n’a vu comme moi la réalité de
cette guerre, les déchirements, les blessures, la douleur."
Otto Dix, Comment je peins un tableau, 1958, réédition Ophrys 2011
La Guerre est une oeuvre d'Otto DIX, peintre allemand, engagé volontaire au
début du conflit de la première guerre mondiale et qui en revient révolté et
pacifiste. Cette oeuvre est donc celle d'un homme qui a vécu l'horreur et
l'inhumanité de la "Grande Guerre" et qui témoigne de son expérience de
soldat en représentant un champ de bataille où la mort et la cruauté règnent
en maîtres. Otto DIX réalise La Guerre entre 1929 et 1932 c'est à dire plus de
dix ans après l'armistice, à une période où les idées nationalistes trouvent de
nouveau une place en Allemagne et où les gens commencent à oublier les
terribles souffrances apportées par la guerre. C'est dans ce contexte particulier
que le peintre réalise cette oeuvre afin de rappeler l'extrême brutalité et la
sauvagerie vécues pendant le conflit.
Cette oeuvre composée de trois panneaux principaux est appelée triptyque*, elle rappelle
la forme des retables** de la Renaissance que le peintre n'a pas choisie par hasard
puisqu'il évoque avec son triptyque une oeuvre majeure de la Renaissance : Le retable
Dans le retable d'Issenheim (détails reproduits ci-contre) il est aussi question de mort
et de souffrance puisque le panneau central de celui-ci est la représentation d'une
crucifixion (c'est à dire du Christ sur la croix) que GRÜNEWALD choisit de peindre sans
rien voiler de la déchéance du corps crucifié : corps amaigri, déformé, creusé par la
douleur, chairs grises et meurtries par les clous, sang, pustules. (ergot, maladie du
seigle). La prédelle représente la mise au tombeau et sous entend la
résurrection à venir.
Otto DIX cite très directement le retable d'Issenheim :
- Organisation (triptyque, prédelle, absence de profondeur, personnage
empalé qui fait référence au Christ)
- réalisme des blessures, caractère expressif
- format gigantesque pour susciter l’émotion
- référence religieuse car la fonction du triptyque est, entres autres, de
protéger la ville (des maladies par exemple)
Ainsi, en utilisant la forme du triptyque Otto DIX cite très directement le retable
d'Issenheim et par cette évocation ajoute une strate d'horreur à l'horreur déjà représentée
dans son oeuvre.
*Triptyque : oeuvre en trois parties
**Retable : Dans une église, tableau placé sur un autel et sur lequel sont représentés les
épisodes de la vie du Christ et des saints. C'est à la Renaissance que le retable peint fait
son apparition (il peut également être sculpté).
***Prédelle : C'est la partie inférieure du retable
DESCRIPTION
I. Les éléments iconiques (ce qui est représenté)
Panneau de gauche : des soldats en armes portant sac au dos (il est possible d'identifier
là les armes et l'uniforme portés par les poilus) tournent le dos au spectateur et marchent
dans la brume, ainsi ils forment une armée humaine sans visage et sans identité, masse
aveugle avançant d'un même pas vers le front et ses atrocités.
Panneau central : Alors qu'aucun décor n'est représenté dans le panneau de gauche,
l'arrière plan du panneau central est occupé par la représentation de ruines : restes de
maisons écroulées ou calcinées, paysage désertique au sein duquel aucune trace de
présence humaine ne subsiste, évocation des ravages causés par les bombardements
(Cf. Verdun). Au premier plan c'est la tranchée dans toute son horreur et son inhumanité
qui est évoquée : (en bas à droite) amoncellement de corps déchiquetés et éviscérés
(bombardements) surplombé par un cadavre aux yeux vides, à la bouche ouverte d'où
jaillit un vers et à la peau parsemée de pustules qui évoquent tout à la fois le Christ de
Mathias GRÜNEWALD mais aussi les conditions d'hygiène abominables dans lesquelles
ont vécu les poilus dans les tranchées (maladies, épidémies). Ce cadavre tend une main,
tentative désespérée d'obtenir de l'aide dans un univers d'où l'humanité a disparu, son
appel à l'aide reste suspendu dans le vide. Au dessus de cet amas de viscères et de corps
flotte un squelette embroché sur un résidu d'architecture (citation indirecte du christ
crucifié) et qui désigne de son doigt la mort et la barbarie qui s'entassent plus bas.
Quasiment invisible, à gauche de l'image un unique survivant assiste à la scène, statufié
par sa cape qui le prive de ses bras (et donc de toute action), visage et regard dissimulés
sous son masque c'est un personnage passif et sans identité, pétrifié par l'inhumanité dont
il est le spectateur, il est à son tour comme privé de son humanité.
Panneau de droite : Ce panneau contient un autoportrait, Otto DIX se représente en
sauveur transportant dans ses bras un soldat blessé. Ce personnage de sauveur se
distingue de tous les soldats représentés dans le triptyque : c'est le seul qui fait face au
spectateur et qui avance (avec une grande détermination) vers le premier plan, le seul
aussi qui possède la capacité de voir (et quelle intensité dans ce regard !) enfin il est
également l'unique personnage de cette scène qui ne porte pas l'uniforme complet du
soldat : ni casque, ni masque, ni arme, ce "sauveur" avance à découvert ne craignant pas
l'attaque ennemie et n'étant pas soucieux non plus de se défendre.
Prédelle : Panneau inférieur au format rectangle allongé : le peintre inscrit dans ce format
la représentation de ce qui semble être un caveau ou un cercueil collectif : des soldats
allongés évoquent le corps du Christ mort représenté dans la prédelle du retable
d'Issenheim
II Les éléments plastiques (les moyens utilisés pour réaliser une œuvre)
La Guerre est une peinture à l’huile réalisée sur des panneaux de bois (qui sont donc les
SUPPORTS) de l’œuvre.
La couleur : dans cette œuvre Otto DIX utilise principalement des nuances de rouge et de
brun. La couleur dominante est le brun, brun de la terre des tranchées, environnement
quotidien et unique horizon des poilus. Le rouge est utilisé pour représenter tour à tour le
ciel tourmenté sous lequel les soldats partent au front (panneau de gauche), l’amas de
viscères ensanglanté (panneau central) et le feu du champ de bataille (panneau de droite).
L’artiste choisit le rouge parce que c’est une couleur organique (celle du sang) mais aussi
pour sa valeur symbolique ; dans notre culture le rouge symbolise en effet le violence et
parfois la mort.
Les couleurs sont sombres, ternes et sales comme l’est l’univers guerrier que dépeint Otto
DIX : une guerre qui se déploie dans la boue et la crasse et qui répand la violence et la
mort.
La lumière : la principale touche de lumière se trouve dans le panneau de droite dans
lequel le peintre éclaire grâce à l’emploi de couleurs claires le personnage du sauveur. Cet
éclairage puissant guide notre regard de spectateur vers cette partie importante de
l’image, peut-être la plus importante pour l’artiste car elle est la seule à présenter une part
d’espérance et de vie.
Le premier plan du panneau central est beaucoup plus sombre que l’arrièreplan, qui
semble seul recevoir, à l’extrême-gauche, une lumière blafarde.
La composition et la perspective :
La succession d’images fonctionne comme un cercle ; la guerre comme moment ou
histoire qui se répète à l’infini.
Quelques lignes horizontales, des obliques jouent un rôle prédominant rythmant la
composition. Les deux poutres qui retiennent le cadavre suspendu possèdent une
direction montante mais elles sont pliées, courbées. Sur le panneau de droite, le tronc
d’arbre calciné penché vers la gauche renforce l’inclinaison des épaules du personnage
pliant sous le poids du blessé qu'il soutient.
Le format gigantesque suscite l’émotion, l'ensemble est confus et chaotique, ne
permettant pas au spectateur de poser son regard, de s’offrir un moment de repos,
l’horreur est partout.
L’absence de perspective (atmosphérique pour les 3 panneaux et linéaire pour la prédelle)
ne permet pas au spectateur de poser son regard, de s’offrir un moment de repos,
l’horreur est partout.
CONCLUSION
La Guerre d’Otto DIX est une œuvre que l’on peut qualifier d’engagée, c’est en quelque
sorte un acte politique par lequel l’artiste énonce très clairement son dégoût de la guerre
et le pacifisme qui en est la conséquence. Mais son intention ne se limite pas à cette
« déclaration de pacifisme » car il souhaite également nous convaincre, nous spectateurs,
de l’horreur et de la bêtise de la guerre.
C’est certainement pour cela qu’il se représente en sauveur : il est celui qui nous met en
garde contre la guerre et ses atrocités.

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